Le hameau de St-Mamert s’est constitué autour d’une chapelle, sur un lieu qui portait jusqu’au 18ème siècle le nom de Houdrepont. Il est situé à cheval sur le territoire des communes de Maintenon, Houx et Hanches.
Au 17 et 18èmes siècles, s’élevait sur la partie du hameau dépendant de la seigneurie du Parc (Maintenon), la Ménagerie de Madame de Montespan que cette dernière avait fait édifier sur les terres du marquisat de Madame de Maintenon.
Selon le descriptif d’époque, cette mesnagerie était seize à la descente du Parcq, proche la chapelle St-Mamert, sur le bord de la commune de Voise et se composait d’une maison à demeurer et de grandes escuries et estables, propre à mettre quantité de bestiaux, greniers au dessus, couvertes de thuilles, grande court close de murs, avec une grande porte cochère et petitte à costé…
En 1687, elle fut acquise par les sieurs Belquiemme, Roux et Deseanaux associez dans l’entreprise des carrières et navigation du grand aqueduc de Maintenon qui l’utilisèrent pour abriter les animaux nécessaires au tirage des bateaux sur le canal de Gallardon. Après l’abandon des travaux de construction de l’aqueduc de Maintenon, les bâtiments étaient déjà signalés comme en ruine, lors de leur revente en 1694
Au carrefour du hameau, s’élevait pendant l’entre-deux guerres, au bord de la Voise canalisée et sur le territoire de Maintenon, un hôtel restaurant réputé, la Chaumière de St-Mamert, dirigé par Joseph Gheux, restaurateur d'origine bourguignonne. Au printemps 1940, la Chaumière connût son heure de gloire en hébergeant pendant plusieurs mois l'Amiral Darlan au moment où l'Amirauté (état-major de la marine française) avait quitté Paris pour s'installer dans le parc du château de Maintenon. Celui-ci y reçu notamment Winston Churchill, alors premier lord de l'amirauté britannique.
L'hôtel restaurant fut détruit en 1944 par les bombardements alliés qui visaient le dépôt de munition de la gare de Maintenon, tuant des soldats allemands qui y logeaient.
Hotel restaurant la Chaumière de St Mamert vers 1920
Enfin signalons, que fut édifié au début du 20ème siècle, sur la partie du hameau situé sur la commune de Hanches, le Manoir de St-Mamert, bâtiment aujourd’hui transformé en maison de retraite.
Le manoir de St-Mamert vers 1920
La chapelle St-Mamert est un modeste édifice de forme circulaire, auquel est accolée une petite abside. Elle est située sur la partie du hameau dépendant de la commune de Houx et date du 11ème siècle, époque à laquelle elle fut fondée par les moines bénédictins du prieuré St-Thomas d'Epernon, prieuré dépendant de l'abbaye de Marmoutier, près de Tours.
Avant la Révolution de 1789, elle avait pour chapelain le curé de St-Nicolas d’Epernon, paroisse associée au prieuré. Celui-ci jouissait du revenu lié à la mise en location du pré sur lequel elle avait été bâtie et de rentes obtenues en dédommagement des terres amputées par le creusement du canal de Gallardon qui passe à quelques mètres de là, en contrebas.
La chapelle et le pré attenant furent vendus comme biens nationaux et adjugés en 1792 à Michel Jolly, bourgeois à Maintenon, pour la somme de 1115 livres. Ce dernier y construisit une maison qu’il accola à l’édifice.
A la fin des années 1920, à l’occasion de travaux réalisés dans la maison attenante, l’on redécouvrit le portail roman sculpté de la chapelle, ce qui valut à l’archivolte (partie supérieure de ce dernier) d’être classé en 1928 à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, classement suivi par celui de l’ensemble de l’édifice en 1930.
A la Libération, le bâtiment avait beaucoup souffert des bombardements alliés. Las d'attendre une indemnisation au titre des dégâts de guerre, Joseph Gheux qui en était alors également le propriétaire, réalisa les travaux de restauration et modifia la distribution du bâtiment sans l'autorisation des Bâtiments de France. Cet événement provoqua le déclassement de l'édifice.
La charpente de la chapelle est datée de 1584, ainsi qu’en témoigne l’inscription sur le décor de l'une des poutres principales
Dédiée à Saint-Mamert, saint guérisseur invoqué pour le soulagement des maux de ventre, la chapelle était, chaque lundi de Pâques et jusqu'au début du 20ème siècle, le lieu d'un pèlerinage important.
Une foire avait lieu le même jour. Les archives du bailliage du marquisat pairie de Maintenon, nous apprennent qu’en 1727, une ordonnance en avait réglementé ainsi le droit d’étalage :
« Pour chaque personne ayant estallage ou boutique à la foire de St-Mamert, le lundy de Pasques, 5 sols – Pour chaque cabaretier vendant vin ou cidre ledit jour, 5 sols. »
Une fête foraine, familièrement appelée la " Saint-Mémet " lui succéda et perdura jusque dans les années 1980, époque à laquelle la municipalité de Maintenon décida, pour des raisons de sécurité, le transfert des manèges vers le parking du stade de la ville.
La statue en bois polychrome du saint, le représente tenant ses intestins entre ses mains. Le pouvoir de guérison attribué à St-Mamert, évêque de Vienne au 7ème siècle viendrait de la confusion avec St-Mammes de Césarée, martyr du 3ème siècle. Selon la légende, ce dernier était un jeune berger qui prêchait l’évangile aux bêtes sauvages. Accusé de magie, il mourut étripé d’un coup de trident dans le ventre.
La statue fut retirée de la chapelle vers 1830 par le curé de Yermenonville qui la plaça dans son église, au motif que les propriétaires de la chapelle vivaient en concubinage. En 1983, la statue a finalement retrouvé sa paroisse d’origine, à la suite d’une décision de la municipalité d’Yermenonville. Elle est, depuis, conservée dans l’église de Houx.
Source: Philippe ROGER
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